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Emile Pagliantini un FFL de la 2ème DB
Emile Pagliantini un FFL de la 2ème DB
8 mai 2012

Portrait d'un FFL

« S’il n’y avait pas eu la guerre, je serais peut-être devenu un voyou. Je me suis donc taillé car je faisais des bêtises. »

Emile Pagliantini est né le 25 décembre 1924 à Montalcino en Italie. Ses parents émigrent en France. Ils s’installent dans la région d’Ax les Termes puis à Brest. Ils se séparent de manière contrainte et forcée. Son père est expulsé vers l’Italie suite à une rixe dans laquelle il est impliqué. Il emmène avec lui sa fille aînée.

Sa mère se remet en ménage. Son enfance et son adolescence ne sont pas toujours faciles. Les études ne le passionnent pas mais il obtient tout de même le certificat d’études primaire en 1938.

Il part pour la Grande-Bretagne avec un groupe de copains le 17 juin 1940. Il a seize ans mais déclare qu’il en a dix huit.
Ce vieillissement lui causera des difficultés lorsqu’il se fera naturaliser français en 1958.

Il contracte un engagement dans les Forces françaises libres (FFL) pour la durée de la guerre le 23 juin (a/c du 1er juillet 1940).
Il est affecté le 13 septembre 1940 à la Compagnie de Chasseurs.
En 1941 il est transéré en Afrique équatoriale française.
Il traverse tout le continent pour arriver en Egypte d'où il est envoyé en Syrie.
Il est incorporé dans les spahis.
Dès janvier 1942 il est engagé en Libye puis, en 1943, en Tunise.
Il est rattaché aux troupes du colonel Leclerc. Son unité le 1er RMSM sera incorporé à la 2ème DB.
La Normandie en 1944, Paris, la Champagne. En 1945, la poche de Royan, puis l'Allemagne pour la fin du IIIème Reich.

epagliffl-RMSM

Il ne parlait pas de la guerre. Il l’avait évoquée avec mon père qui était un ancien combattant de 1940 qui fut fait prisonnier à la mi-juin lors de violents combats en Eure-et-Loir. Il lui avait fait part d’une lutte âpre dans un cimetière en Alsace. Il y était coincé avec d’autres soldats sous le feu de l’ennemi. Je crois qu’il lui avait dit que pour s’en sortir il avait du lutter au corps à corps parmi des tombes. Il fut blessé à une jambe. Il lui avoua qu’il en avait fait de mauvais rêves par la suite.

Après la guerre, il vit d’emplois sans suites. Lors de son passage en Afrique il avait rencontré un Français qui avait proposé aux jeunes soldats de les recontacter après la guerre s’ils n’avaient pas de travail. Il s’expatrie une première fois mais il est rapatrié sanitaire suite à une mauvaise malaria. Il travaille pour le CEA dans une mine d’uranium à Grury en Saône et Loire. Il s’y fixe et se marie en 1948 avec Lucie Bodelin, née en 1925.

epagliffl-Emile Lucie Grury 1948

Emile Pagliantini et son épouse Lucie à Grury (Saône et Loire) en 1948

Il sera un temps mineur à Montceau-les-Mines, au puy Plichon ( 1948 - 1949, peut-être jusqu'en 1950).

Il repart à nouveau en Afrique, au Niger. Il fait de la prospection minière dans l’Aïr. Une fois installé, son épouse le rejoint en 1952.

Ils travaillèrent et vécurent à 80/100 kilomètres au nord d’Agadez, à El Mécki et Taghouagi jusqu’à l’indépendance du Niger en 1960.

Il prospecte et trouve des gisements de cassitérite, et autres minerais contenant des traces d’uranium. Il dirige une concession de prospection où il fait travailler les populations locales, des hommes haoussa. Au moment de l’indépendance du Niger il ne souhaite pas rester en Afrique. Il rentre en France et revient vivre à Grury. En 1964 il retrouve une activité de prospection minière en Australie où il restera jusqu’en 1966. De retour en France, il se reclassera dans une usine à Gueugnon. Son épouse tient le Petit Casino de Grury entre 1969 et 1974.

Il décède en 1978 à Grury.

Du caractère, forte tête, tête brûlée selon la manière dont on pouvait le percevoir, il ne tirait pas gloire de son épopée militaire. Il avait combattu  mais cela était le passé. Ce qui avait été fait, était fait. Je savais que mon oncle, qui était aussi mon parrain, avait combattu dans la 2éme DB mais j’ignorais qu’il était un FFL des premières heures. Je crois qu’il a adhéré aux anciens de la 2ème DB, après la guerre, mais il n’a pas persévéré. Il ne faisait partie d’aucune association d’anciens combattants. Lorsqu’il y avait des cérémonies patriotiques dans sa commune, on lui demandait de participer, mais il ne donnait pas suite. « Tu me vois avec les médailleset … merde !»

Amoureux des chansons d’Yves Montand et du jazz de Django Reinhardt, il était un danseur de tango accompli. La chasse et la pêche étaient ses autres passions. Tantôt charmeur, tantôt rude il se définissait  comme étant un rital (il eut à en souffrir dans son enfance, comme de nombreux immigrés italiens).

J’entends sa voix gutturale prononcer les paroles qui suivent avec des inflexions tantôt basses, tantôt gouailleuses.

 « Lorsque j'ai rertrouvé ma mère et mes sœurs, m'approchant d’elles, ma mère m’a engueulé et m’a giflé me reprochant d’être parti. » Rires

« Je n’étais pas sérieux et dès que j’avais un petit grade, je me faisais casser. » Rires

«  A un endroit, il fallait franchir un pont. Un premier char s’engage, détruit ; un second, pareil.
Mes copains ont tous été tués. Notre char s’engage à son tour. On y va et ça passe ! »

« On m’a proposé une deuxième ficelle pour aller en Indochine, mais j’ai décidé que c’était terminé. »

Pour aller plus loin l'article : " Les Français libres à l'épreuve de la Libération "

epagliffl-DiplomeFFL3

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L'auteur
http://www.alainboussuge.com/
Investigateur du parcours militaire des hommes durant les conflits : 1870-1871, 14-18, 39-45.

Historien par passion.
Les hommes de ma famille ont été mobilisés en 1870, 1914, 1939.
Où ont-ils combattu ? Qu’on-t-il enduré ? Ils sont revenus vivants, mais pas toujours indemnes.
Ce site est consacré à mon père
Un oncle, FFL, 2°DB, epagliffl.canalblog.com
Les victimes de guerre sont anonymes sur les monuments aux morts, elles revivent, pour peu que l’on s’intéresse à elles.
A Bourbon-Lancy, en Saône et Loire, 2 monuments aux morts, 3 sites d’identification des morts
morts3945bl.canalblog.com – resistantsbl.canalblog.com 1870mortsdebourbonlancy.canalblog.com
Un livre, Le canton de Bourbon-Lancy dans la guerre de 1870-1871
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