18, 19 et 20 juin
L’ambiance à Brest le 18 juin fait penser à une ambiance de fin du monde. Bombardements, sabotage et destruction de matériels et de bâtiments, réfugiés civils, militaires en repli mais pour quelle destination, dernière caisses d’or de la Banque de France évacuées, autorités portuaires dépassées ou démoralisées. Peu ou plus de navires pour s’embarquer.
Départ de Brest à 20h00
6°BCA et 1° Bataillon de la DBMLE à bord du MERCANTON et du ferry TWICKENHAM
12°BCA et état-major de la 27°DBCA à bord du MONCOUSU
2° Bataillon de la DBMLE à bord du PENESTIN
Restent à quai des éléments du 12°BCA et le 14°BCA.
Pour ce dernier ordre est donné à son chef de prendre toutes mesures pour s’embarquer sur d’autres navires.
Fautes de bâtiments, le 14° se déplace vers le sud par Quimper. Il s’embarque à Concarneau à bord de petits bateaux et débarquera le reste de ses unités et des éléments isolés à Royan, Le Verdon, Arcachon et Bayonne. Deux de ses compagnies ont été faites prisonnières à Brest.
Arrivée le 19 juin à Plymouth du MERCANTON, TWICKENHAM , PENESTIN
Arrivée le 20 juin à Flamouth du MONCOUSU
Les troupes séjournent plus ou moins longtemps à bord puis sont transférées par train à destination de Trentham Park où un camp de regroupement a été créé.
Les Chasseurs arrivent au camp le 21 juin, les Légionnaires le 22.
Ils y retrouvent leurs chefs qui sont passés en Grande-Bretagne par leurs propres moyens.
A partir de cette date commence l'histoire des Forces françaises libres ou du retour en France via l'Afrique du Nord et la démobilisation suite à la dissolution des unités.
Extraits du J.M.O. de la 27° Demi-brigade de chasseurs alpins
référence 34N20 – Service Historique de la Défense, Vincennes
18 juin
« Dans Brest grosse agitation : alertes aériennes continuelles, nombreux rassemblements d’habitants, bagages à la main : indices probables d’une évacuation partielle. »
« L’ambiance est sinistre : aux sirènes d’alerte se mêlent les détonations de la D.C.A. et des destructions dont le jeu commence. Bientôt surgissent des flammes gigantesques cependant que l’atmosphère devient par endroits irrespirable : la poudrerie de Rody est en feu, comme les réservoirs de mazout et de pétrole ! »
19 juin
« A 2 heures, dans un vacarme qui ne permet pas de distinguer les détonations de la D.C.A. des éclatements de bombes le « Moncousu » appareille, après avoir pris en charge les derniers sacs de billets transportés de la Banque de France au port, par une camionnette. »
« 4 heures, les incendies allumés dans le port de Brest sont tels qu’une fumée noire opaque obscurcit le ciel à hauteur de la pointe St-Mathieu. »
« Indépendamment des éléments de la 27° ½ brigade, se trouvent à bord des marins, des ouvriers de l’arsenal de Brest, quelques Polonais, de jeunes civils qui ont voulu échapper aux Allemands. »
Extraits du J.M.O. du 2° bataillon de la 13° Demi-brigade de la légion étrangère
référence 34N318 – Service Historique de la Défense, Vincennes
18 juin
« A 18 heures nous nous retrouvons à Brest, notre train descend jusqu’au port, nous voyons sur la route de pauvres gens s’enfuir, des femmes portant des valises aussi lourdes qu’elles, partir sans savoir où, la plupart pieds nus, leurs chaussures leur faisant vraisemblablement mal aux pieds.
Des blindés et camions anglais détruits par les Britanniques avant leur embarquement se trouvent dans tous les coins. »
« Comme nous pouvons nous consolons de pauvres gens qui ne savent à quel saint se vouer.
Brest est déclarée ville ouverte, tout ce qui est en état de prendre la mer sort du port et se met au large, l’arsenal est détruit à coups de canon, ce qui ajoute à la frayeur de la population qui croit que ce sont des bombardements aériens ennemis, la panique des habitants est à son comble et malgré tous nos efforts il est impossible de les calmer.
Le ciel est embrasé continuellement par les explosions des réserves de munitions, des cales sèches et des réservoirs de mazout, une fumée acre prend à la gorge et des épaves de toutes sortes flottent à la surface des flots, c’est vraiment lugubre. »